- Au coin du feu -
- Jean-Jacques
- 18 janv. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 avr. 2024
Le ciel est gris, la neige tombe doucement sur le trottoir de la rue presque déserte. Les réverbères éclairent les flocons qui dégringolent, donnant presque l’impression d’un ciel étoilé.
Le vent piquant fait rougir les visages de Charlotte et François. Tous deux bien emmitouflés dans une veste, bonnet et une longue écharpe de laine, ils avancent, d’un pas rapide pour rejoindre la voiture qui les conduira enfin dans leur nid douillet.
Leurs pas se succèdent en harmonie, une main dans la poche et l’autre se tenant serrés l’un à l’autre. La tête inclinée, le regard fixé sur le trottoir et dans la tête le chant d’une bûche qui crépite dans une cheminée.
Charlotte et François se sont rencontrés il y a tout juste un an. C’est pour fêter cette rencontre qu’ils avaient décidé de passer un moment rien que tous les deux.
Un ciné, un resto, rien d’exceptionnel, mais ils voulaient marquer le coup comme on dit. Bizarrement, bien que le moment passé fût agréable, l’envie de se serrer l’un contre l’autre devant leur cheminée ne les avait pas quittés de la soirée.
Le chemin du retour semble une éternité, chacun des pas sur ces trottoirs gelés donnait l’impression de reculer et maintenant qu’ils sont à bord de la voiture ce qui ressemble à un vol dans l’hyper espace n’en finit pas de finir.
Stressés, crispés, exténués et sans même avoir ouvert la bouche de tout le voyage, ils rentrent enfin chez eux.
Nul besoin de mot, ni même de regard, ils sont connectés. François pose deux bûches sur le lit de braises qu’il vient de préparer. Charlotte prépare quelques coussins et plaids qu’elle dépose sur le canapé, puis disparaît dans la salle de bain.
François est en chemise et chaussettes, se frottant les mains à la chaleur du feu qui crépite lorsque Charlotte réapparaît dans le salon. Elle porte une jolie chemise de nuit noire, satinée à peine recouverte d’un peignoir clair, tombant sur l’une de ses épaules et nonchalamment noué autour de sa taille.
Elle s’arrête un instant dans l’embrasure de la porte, une main sur le chambranle et l’autre sur sa taille. François se retourne, lui esquisse un sourire, retire un instant ses lunettes et les frotte sur le pan de sa chemise, les remet sur le bout de son nez, écarte les bras et glisse un franc « voilà ».

Tous deux se mettent à rire et s’avancent vers le canapé. La température dans la pièce monte très vite, le feu ouvert irradie l’espace d’une douce, mais intense chaleur.
François s’est couché sur la méridienne de leur canapé et Charlotte, à la perpendiculaire, a posé la tête sur son torse, tous deux se faisant face.
- « Je t’aime », lui dit-elle.
- « Moi aussi mon amour », répondit François.
Cet instant, ils l’attendaient depuis un bon moment. L’envie de se retrouver seuls, mais pas l’envie de se coucher dans un lit. Ils vont probablement passer un bon bout de la nuit à discuter, refaire le monde, se créer un avenir peut-être même parler enfant.
François sait que Charlotte en a très envie, il sait également qu’elle n’en parle pas aussi souvent que la pensée ne lui traverse l’esprit.
Aujourd’hui, ce soir, c’est lui qui va aborder le sujet, en la regardant dans le blanc des yeux, lui dire combien il a envie de passer le reste de sa vie à ses côtés et voir grandir un Franlotte ou une Charçois comme dans leurs vieux délires.
Ce soir, au coin du feu, alors que la neige continue de tomber à gros flocons, se dessine un avenir. Ils finiront par fermer doucement les yeux, en bredouillant probablement quelques mots à peine audibles, le sourire aux lèvres, le cœur léger, l’esprit libre et si profondément amoureux.
Jean-Jacques Laduron
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