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- L'heure du thé / 06: Soleil couchant -


Bernie se mit ainsi en route pour Lyon. Là-bas, la DRPJ de Lyon les attendait afin de collaborer sur l’enquête. Matuvu profita des 3h30 de trajet pour se reposer un peu. Ses dernières nuits avaient été agitées. L’impasse que présentait cette enquête le hantait. Chaque policier avait à un moment donné de sa carrière « l’affaire de trop », celle qui vous dépasse et vous hante pour le reste de votre vie, poussant parfois certain à la dépression. Bernie redoutait que ce ne soit son tour. Il fallait avouer qu’il ne se sentait plus aussi efficace qu’à ses débuts. La fatigue le gagnait plus vite et elle lui semblait bien plus pesante. Les cafés engloutis le matin ne suffisaient plus à palier ses courtes nuits et des cernes s’encraient de plus en plus profondément.


Lyon, une petite équipe avait été montée pour travailler sur cette affaire avec l’inspecteur : Catherine et Liliane étaient sur le coup. Celles-ci avaient déjà commencé à relever les gros dossiers traités par Maitre Brismé et croisé les dossiers avec les casiers judicaires de leur base de données – travail d’autant plus fastidieux lorsqu’il faut se replonger dans les affaires classées non numérisées. Ce petit côté « cold case » les émoustillait pas mal. Elles avaient d’ailleurs établi leur QG dans la salle des archives, non sans difficultés. En effet, elles avaient déambulé quelque temps avant de retrouver cette salle (il est vrai que « salle » est un grand mot et que « cave lui conviendrait mieux). Mais l’excitation était à son comble pour ce duo de choc et la salle sombre et humide ne les choqua guère. Catherine et Liliane tachèrent juste de s’y sentir chez elles en y descendant leur senseo, leurs tasses fétiches, leur essentiel de bureau et quelques décorations pour que l’inspecteur Matuvu se sente bien. Elles installèrent donc, sur ce qui serait son bureau, une carte avec des petits chatons pour lui souhaiter la bienvenue ainsi qu’un petit bouquet de fleurs qui pleuraient déjà après la lumière du jour.



De plus, Liliane et Catherine s’étaient portées volontaires pour trouver un logement à l’inspecteur et à son adjoint. Elles avaient tout de suite pensé au logement loué par une de leurs amies aux allures de cottages anglais. « Ce sera parfait pour l’inspecteur ! C’est un peu notre Barnaby à nous ! Hihi ! ». De la police judicaire, Liliane et Catherine maitrisaient surtout le secrétariat quant aux enquêtes… Mais la DRPJ était tellement débordée qu’on n’avait trouvé personne d’autre. Détail que Bernie ignorait encore pour l’instant et que son supérieur s’était bien gardé de lui annoncer.


Lorsque Bernie et son adjoint Lucien arrivèrent à Lyon, la soirée était déjà bien avancée. Ils décidèrent de s’arrêter au Poêlon d’or pour souper. Ils profitèrent alors, sur la terrasse qui se confondait avec le coin de la rue, d’une traditionnelle quenelle lyonnaise, d’un bon verre et du soleil couchant.


Héloïse Bertrand

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