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- 2032, 10h, la vie reprendra -

  • Photo du rédacteur: Alizé
    Alizé
  • 30 juin 2024
  • 4 min de lecture

 A vue de nez, on doit se trouver aux alentours du 30 juin. On a compté les jours au début, mais parfois ça nous est sorti de l’esprit. Puis, quand on a voulu s’y remettre, ça n’a pas toujours été précis. Nos jours se ressemblent beaucoup ces temps-ci.

 

Quand tout a commencé, nous avions tant de choses à organiser. Trouver de la nourriture, un point d’eau potable, établir le campement. C’était la folie. L’organisation est désormais plus fluide. Chacun sait ce qu’il à faire. La routine est installée.

 

Le plus heureux d’entre nous, c’est Mazout sans conteste. On est d’accord, ce nom est vraiment bizarre. Disons qu’aux premières heures, on était comme tout le monde... A la recherche de la moindre goutte d’essence pour remplir les bidons et le réservoir de la caisse. Après une énième tentative et plusieurs pompes à sec… La boule de poil qui nous sert de chien s’est jetée sur nous comme s’il nous attendait depuis toujours. Il portait un collier avec, pour seule indication, la lettre M sur sa gourmette. Le patronyme a été trouvé de manière assez unanime. L’ironie de l’instant, vous comprenez. On était clairement paumés, avec nulle part où aller, plus une seule goutte d’essence à notre portée et une bouchée de plus à nourrir. Mais franchement on aurait jamais pu le laisser là. D’autant que depuis, on ne l'a pas regretté. Mazout est un compagnon de route merveilleux. Il nous réchauffe la nuit en se blottissant contre nous. Et quand il est bien luné, il parvient même à nous chasser un ou deux volatiles.  On lui a appris à se faire intimidant aussi.. Ca s’est révélé assez utile quand d’autres désespérés ont tenté de nous voler notre matériel.

 

Avant toute cette histoire, je n’aurais jamais cru pouvoir défendre à ce point une tasse en métal et un couteau suisse. Je tuerais pour un duvet, si je venais à perdre le mien. Et je n’ose même pas penser au jour où ma paire de boots rendra l’âme. L’angoisse.

 

Comme on s’y attendait, des gros nazes se sont emparés des stocks. C’est bien simple, tout a été pillé. Et quelques super gros nazes se sont autoproclamés fournisseurs officiels du tout le nécessaire vital. L’humain n’a vraiment rien compris à ce qui s'est produit. C’est désespérant.

 

Avec notre groupe on s’est fixé comme objectif de bouger de place constamment. Se fixer, s’établir, c’est se créer des problèmes. Les conflits de voisinages sont fréquents et la lutte des territoires est parfois sanglante.

 

Depuis quelques jours, une semaine tout au plus, on ne croise bizarrement plus personne. Je n’ai aucune idée d’où nous sommes. Je n’ai jamais été doué pour la géo. Et depuis que les points de repère de la civilisation ont été envahis par la nature, c’est encore plus compliqué. Il arrive que nous croisions encore un panneau indicateur au détour d’une route.. Mais finalement je m’en suis désintéressé. Tout cela n’a plus beaucoup d’importance.

 


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Il fait si chaud. C’est le pire début d’été qu’on a vécu depuis cet enfer. La chaleur, c’est l’horreur. On est lents. On doit être certains d’avoir assez d’eau avant de se lancer vers notre prochain point d’arrêt. Mazout est pas en forme et la plupart de l’équipe est ronchon.

Mais comme on n’a pas le choix, on continue, on avance.

 

On est là, tous, à subir les assauts du soleil et à regretter notre dernier point de chute quand Théo s’arrête au devant nous. Il regarde à droite, à gauche, perplexe.

 

-       Vous avez vu ça ?

 

On se croirait sur une base militaire. Ici, étrangement, la végétation semble sous contrôle. Tout parait un peu plus organisé. La tension monte dans le groupe, rien de tout ce que nous croisons n’est totalement naturel.

 

A l’angle d’une rue, une alarme se fait entendre et des lumières nous éblouissent de toutes parts. Attendez… Des lumières ?? C’est impossible.

 

On est tous figés, Mazout gronde à nos côté, les babines retroussées.

 

Un homme approche.

 

-       Vous ne pouvez pas être ici ! Dégagez.

 

-       Vous avez de l’électricité ??

 

Théo s’avance. L’homme est sur ses gardes. Tout son corps semble prêt à bondir. Je n’aime pas ça. Mazout aboie en guise d’avertissement. Théo lui fait signe de ne pas bouger.

 

La dernière chose que l’on souhaite, c’est que ça dégénère. Lors de la dernière rixe, deux d’entre nous y sont restés. Hors de question qu’on réduise l’effectif aujourd’hui.

 

-       Vous n’étiez pas censé voir ça. La reprise n’est prévue que dans 4 jours.

 

-       Mais de quoi vous parlez bordel ? Expliquez vous !

 

C’est John qui a parlé. John est un sanguin, il n’a aucune patience. La chaleur a pour effet de mettre à sac les quelques miettes de calme qu’il pourrait habituellement conserver. Il a dégainé son arme à feu et la pointe avec fureur vers l’inconnu.

 

L’homme soupir, il semble épuisé.

 

  • Je vais tout vous expliquer. Baissez votre arme. Je suis seul ici. J’ai mené à bien la mission qui m’a été confiée. Au fil des ans, l’équipe qui avait été mandatée pour me protéger a péri ou a fui. Je ne peux pas les blâmer. Quel fou attendrait si longtemps avant de remettre en route le monde. Moi seul, apparemment. J’y peux rien, quand je m’engage, je dois m’y tenir. Je ne parviens pas à faire autrement.

 

  • Je ne comprends pas, de quelle mission parlez vous ? Comment se fait-il que vous ayez de l’électricté alors que le monde a été privé d’énergie depuis tant d’années ?

 

  • C’était prévu. Le gouvernement l’avait prévu ainsi. Ils ont fait pression contre moi. Je n’ai pas eu le choix à l’époque. Je devais tout couper. Et puis tout relancer le 5 juillet 2032 à 10h.

 

  • Quoi ? Mais… Pourquoi ?

 

  • Je n’en ai aucune idée.. J’ai plein de théories... Venez, vous me donnerez votre avis !


Alizé Beaufays

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