top of page

- Equilibre précaire -

Il se repose, dans son lit, bercé par le bruit de l’eau. Le soleil scintille à travers la surface et le fait briller de mille feux. Cela fait des centaines d’années qu’il vit dans cette rivière.


Tantôt il sert à la construction d’un barrage éphémère que les enfants érigent en vitesse, pressés de voir monter le niveau de l’eau.


Tantôt il voyage, projeté par un amateur de ricochet qui le lance loin. Un, deux, trois, quatre, ..., douze rebonds ! Record battu ! L’usure du temps qui passe et le frottement avec d’autres galets font de lui un candidat idéal pour une jolie performance.


Et la plupart du temps, il se repose dans le lit de la rivière attendant que le temps passe.

Puis soudain, une ombre le recouvre, une personne est entrée dans l’eau. Pas un enfant entouré de copains bruyants comme souvent quand les beaux jours reviennent, mais un grand gaillard avec des bottes jusqu’à mi-cuisse. De longues bottes, mais pas de canne à pêche. Un drôle de gugusse !


-        Sven, regarde ce joli rocher ! Il me semble parfait, lui lance la jeune femme qui l’accompagne.


Elle est restée hors de l’eau, et scrute la rivière avec un regard différent de ceux des autres personnes que notre ami voit passer habituellement. Elle a repéré un rocher qui dépasse de l’eau, arrondi par le temps lui aussi, avec une surface légèrement plus plate sur le dessus.


-        Oui, parfait, bien vu ! Tu installes le matériel ?


C’est la routine avec Sven. Qu’ils se promènent en forêt, dans une prairie ou à la montagne, s’il y a de l’eau calme, quelques pierres et pas de vent, ils feront une pause dans leur marche.


En plus du matériel habituel d’un randonneur, leur sac à dos porte toujours la paire de cuissardes de Sven, et le matériel vidéo qu’Ada place alors qu’il est déjà dans l’eau.


Le rocher repéré par Ada correspond parfaitement à ce qu’ils cherchent et est bien placé. La caméra est installée à quelques mètres, dans le bon angle pour que la lumière soit belle.

Clic ! Ada enclenche la caméra.


Sven s’installe derrière le rocher, plonge une main dans l’eau, en sort un galet assez plat et le pose sur le rocher. Il prend ensuite un galet plus volumineux, il forme en angle avec le troisième galet sorti de la rivière. Posés en équilibre l’un après l’autre, ce sont une quinzaine de galets que Sven empile d’une main experte au-dessus du rocher repéré par Ada. Il ne tremble pas et a l’œil pour les placer correctement du premier coup, dans un équilibre certes éphémère, mais parfait !


Et puis la main de Sven attrape notre copain et le pose avec minutie tout en haut de cette construction. Encore mouillé, son éclat brille sous le soleil printanier. Qu’il est beau tout là-haut !


Clic ! Tout est dans la boîte. Une fois de retour chez eux, Ada choisira une musique poétique pour mettre en valeur les images captées et Sven publiera la vidéo sur ses réseaux.


Ils admirent quelques minutes cette belle réalisation, remballent bottes et caméra. Ils continuent leur promenade, laissant derrière eux notre galet qui profite un instant de ce nouveau point de vue sur la rivière. Pourvu que le vent de le fasse pas tomber trop vite !



Ce récit est inspiré d’une vidéo de Pontus Jansson qui réalise de très jolis empilages de galets que vous pouvez retrouver ici :



 Pascale Danze

댓글


bottom of page