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- L'annonce -

Dernière mise à jour : 15 avr. 2024


Ce matin, lorsque François se réveille, Charlotte n’est déjà plus à ses côtés dans le lit. Ce n’est pourtant pas dans ses habitudes, plus encline à se retourner quelques fois, s’étirer, à faire le chat comme elle dit, avant de mettre le bon pied à terre. François se lève et l’appelle aussitôt , un grognement sourd résonne dans la salle de bain. Charlotte est assise sur le rebord de la baignoire, la tête entre les mains, le visage pâle et un peu tremblante. « Je pense que je n’ai pas bien digéré notre repas d’hier ».


La veille, François et Charlotte s’étaient fait livrer un repas traiteur pour fêter la Saint-Valentin. Charlotte n’avait pas souhaité sortir pour l’occasion et ils avaient préféré rester au chaud dans leur nid douillet. Ils avaient trouvé tous deux le repas délicieux, bien que parfois un peu gras, et avaient arrosé le tous d’une bonne bouteille de bulles. François n’a pas montré le moindre signe d’indigestion, mais ils ne sont pas de la même corpulence l’un et l’autre, ceci expliquant certainement cela.


François propose à Charlotte qu’elle reste à la maison et qu’elle téléphone à son patron en expliquant la situation, mais elle a un rendez-vous client important et ne veut pas devoir le reporter. C’est donc le cœur inquiet que François quitte le domicile faisant jurer à Charlotte de le tenir au courant tout au long de la journée.


Vers 10h00, il reçoit un message indiquant qu’elle a toujours un peu mal au ventre, mais qu’elle se sent un peu mieux qu’au matin, elle précise également que son rendez-vous va bientôt arriver et qu’elle en aura pour une bonne partie de la journée. Le reste de la journée se passe donc sans qu’aucun autre message ne soit échangé entre les deux tourtereaux.


Vers 16h30,  François envoie un SMS à Charlotte demandant si elle va mieux et si son rendez-vous s’est bien passé, mais aussi si elle souhaite qu’il lui prépare quelque chose pour le souper. Il ne reçoit aucune réponse et finit par prendre le chemin de la maison tentant de se rassurer sur le fait qu’elle avait annoncé être très occupée.


Sur le retour, son téléphone retentit, mais contrairement à ses attentes, ce n’est pas Charlotte, mais un numéro inconnu. D’abord hésitant, il finit par décrocher. Il reconnaît la voix assez rapidement et son cœur s’emballe d’un coup. C’est le patron de Charlotte, ils ont été obligés d’appeler l’ambulance car les douleurs abdominales se sont accentuées, elle se trouve donc en route vers le CHR.



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François avait eu la présence d’esprit de se mettre sur le bas-côté juste après avoir décroché. Cette annonce lui fait l’effet d’une douche froide et il lui faut quelques secondes pour reprendre ses esprits et glisser un timide « merci » avant de raccrocher et de reprendre la route vers le centre hospitalier. Chancelant, François arrive à l’accueil, il devait certainement être aussi pâle que Charlotte le matin même.


On lui indique le numéro du box dans lequel Charlotte se trouve, lui demandant de patienter un instant, car le médecin pratique un dernier examen. L’expression, tenir un lion en cage, n’a jamais eu autant de sens que ce jour-là. François se tient au milieu de la salle d’attente, les poings fermés, la mâchoire serrée, faisant les cent pas entre les deux rangées de bancs placés entre la porte d’entrée et l’accueil.


À chaque fois qu’il fait face à la secrétaire, il lui glisse un regard anxieux qu’elle ne relève que sporadiquement par un léger sourire. La porte du box s’ouvre enfin et la secrétaire fait signe à François qu’il peut passer le sas.


Charlotte est couchée sur un lit avec un Baxter au bras. Leurs regards se croisent, elle esquisse un sourire tandis qu’il arrive à sa hauteur.


« Je suis mort de peur mon amour, que s’est-il passé ? ».

« Je vais tout te raconter François, mais il vaut mieux que tu t’assoies ».


Il n’en fallait pas plus pour que les genoux de François défaillent, fort heureusement il atterrit sur la chaise qui jouxte le lit. Charlotte lui explique donc sa journée balancée entre ses maux de ventre et son gros client. Son ventre, ce n’est, aux vues du diagnostic du médecin, que dû à une période de stress, probablement occasionnée par l’intensité actuelle de son travail.


En revanche, les derniers examens ont révélé tout autre chose, un événement qui va très certainement bouleverser une bonne partie de leurs vies. François regarde Charlotte avec des yeux aussi gros que des boules de billard, ses yeux se remplissent de larmes, il tend ses mains pour attraper celles de Charlotte, elle sourit. François pose une main sur le ventre de Charlotte, puis approche sa tête, « Je suis déjà impatient de te connaître » Charlotte verse une larme de joie : « Je t’aime François ».

 

Jean-Jacques Laduron

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