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- Le secret d’un été chaud -



 Vêtue d’un infime bout de tissu lui servant de culotte de bain et d’une paire de lunettes de soleil très foncées, Charlotte est posée en position semi-assise sur un transat au bord d’une mer turquoise. Son corps perlé de sueur est partiellement recouvert d’une bonne couche de crème solaire. Ses bras, parfois ballants dans le sable, dessinent sporadiquement de petits cercles en sa surface.


Il n’est que 10h du matin et la chaleur est pourtant déjà presque étouffante, mais c’est le seul moment de la journée où sa peau blanche peut se permettre de s’exposer. Une heure, pas une de plus sous ce soleil accueillant mais tout aussi dangereux. Elle a même osé lui offrir sa délicate poitrine, celle-là même que certaines de ses amies lui envient. Ni trop petite, ni trop généreuse, aux aréoles presque symétriques, et qui se tient magnifiquement bien dans de petites robes de soirée au dos dénudé.


Une perle de sueur glisse lentement de la tempe de Charlotte et vient s’écraser sur son épaule puis coule un moment le long de son bras avant de disparaitre dans le sable déjà très chaud. Elle soupire d’aise et se laisse bercer par le bruit des vagues qui clapotent à quelques pas. A cette heure, les enfants qui accompagnent les quelques familles qui cohabitent dans l’hôtel sont, le plus souvent, pris en charge par de bien braves animateurs, la plage est donc plus calme que dans l’après-midi.


Vers 10h30 une sonnerie se fait entendre et, dans le même mouvement, Charlotte se retourne sur son transat, descend le dossier pour le placer cette fois en position horizontale et, telle une crêpe bien dorée sur l’une de ses faces, expose l’autre à la chaleur de cet astre brillant dans le ciel.


Elle ferme à nouveau les yeux, ouvert un bref instant durant la phase de retournement. Elle sent d’abord un peu de fraîcheur sur le haut de ses épaules, puis une main qui vient délicatement étaler ce qui doit probablement être de la crème solaire sur son dos. Cette main, à la fois ferme et délicate, prend le temps de protéger la surface entière, de ce dos encore trop peu exposé. La nuque, les épaules, les omoplates sont doucement caressées par une, puis deux mains alternant de temps à autre avec un moment de répit pour ajouter un peu de crème solaire.


Charlotte soupire, elle se fait chouchouter, elle l’a bien mérité, son corps est encore tout endolori de cette année passée. Les deux mains posées sous son front, elle sourit. Sa respiration ralentit doucement tandis que les mains continuent de s’aventurer sur son épine dorsale. Elles parcourent maintenant la totalité de son échine et glissent jusqu’au plus bas de ses reins. En un soupir, le corps de Charlotte s’enfonce dans le transat comme dans un lit trop mou, son esprit tout entier s’abandonne sous la pression délicate de ces mains qui lui font redécouvrir des parties de son anatomie qu’elle semblait avoir oublié. Ses cuisses et ses mollets subissent le même sort. Ce qui ressemble maintenant bien plus à un massage qu’à un simple étalement de crème solaire, réveille une à une les cinq couches de son épiderme. Elle perçoit clairement la différence de chaleur entre celle du soleil et celle de ces mains si douces qui lui effleurent la peau.


Puis, en un instant, celles-ci disparaissent, son esprit les cherche analysant chacune des parties de son corps. Ce scan mental bloque sa respiration, elle ne se concentre plus qu’exclusivement sur la recherche de ces paumes perdues. Un nœud se défait alors, puis un autre, quelque chose glisse le long de ses hanches, le menu tissu cachant presque imperceptiblement la jointure de ses deux fesses disparait comme par enchantement. Charlotte laisse alors échapper un léger bruit de surprise suivi très rapidement par un soupir de bien être, son cœur s’accélère d’un coup, ses follicules pileux se hérissent de toute part, son corps se contracte.


-                Charlotte ? 


Charlotte ouvre grand les yeux.


-                Tu as mis de la crème solaire ? On est encore au printemps mais le soleil est déjà intense pour la saison et ta peau est encore fort blanche.

 

François se tient devant elle, tenant Simon dans ses bras.

 

-                Cette sieste t’a-t-elle fait du bien ?


Pour toute réponse, Charlotte sourit. Elle ne racontera pas son rêve pour le moment, elle gardera celui-ci pour elle, ce sera son petit secret, un secret pas bien méchant mais qui prouve une chose, elle a vraiment besoin de vacances.


Jean-Jacques Laduron

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