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- Déluge -

  • Photo du rédacteur: Pascale
    Pascale
  • 30 nov. 2024
  • 2 min de lecture

Etant gamine, je prédisais l’arrivée des orages. Je n’ai pas la prétention d’être Madame Météo ou d’avoir une connexion particulière avec les éléments.

En y repensant, ce n’était même pas moi qui prédisais leur arrivée, mais ma maman, en m’observant.



Je pompais la pression ambiante qui s’installe dans l’air durant les heures qui précèdent l’orage. La nervosité s’accumulait et moi je devenais de moins en moins patiente, m’agaçant pour un rien.


Le frère qui joue trop près de moi avec ses petites voitures et me cogne à chaque passage dans l’épingle à cheveux qui, comme par hasard était juste à côté de mon genou.

Le chat qui miaule un peu fort pour réclamer que la porte s’ouvre, ayant bien compris que pour obtenir ce qu’il veut, il doit venir miauler à tue-tête à côté de la personne la moins occupée ou celle que sa plainte embêtera le plus vite.

Le courant d’air qui fait claquer une porte en me faisant sursauté et raturer le dessin en cours.

Bref, le baromètre de Maman c’était moi et mon énervement.


Toute petite, je n’en avais pas conscience. Puis un jour Maman m’a dit : « l’orage arrive, tu es plus nerveuse » et je n’ai plus pu passer à côté de cet indice précis et flagrant.

Plus l’orage approchait, plus j’étais une boule de nerf.


Dans les heures qui suivaient, un vent chaud se levait, faisant bouger les arbres, tournant les pages d’un livre laissé sur la table basse. Le ciel s’obscurcissait et devenait noir, mais pas comme quand il fait nuit, un noir sombre et plutôt terrifiant. Combiné au vent, ce noir aurait pu avoir un air de film d’horreur.


Moi j’ai toujours aimé ce brusque changement car il précède de peu l’arrivée du déluge libérateur. Les premières grosses goutes qui éclatent au sol encore sec, marquant d’un gros « sploutch » les dalles de la terrasse : une, deux, dix, trente et puis trop nombreuses pour les compter.


L’orage éclate, le tonnerre gronde et toute ma tension s’évapore. Je suis enfin apaisée et bien souvent je sors, juste un t-shirt sur les épaules, pour sentir la pluie ruisseler sur moi. Oh, pas longtemps, juste assez pour avoir l’air d’un chien qui sortirait de son bain. Cette action marque le début du déluge de la nature et la fin du chamboulement incontrôlé qui s’est passé en moi.

 

Maintenant je suis consciente de tout ça, je peux sensiblement me raisonner quand je sens cette nervosité monter en moi, mais je la ressens et l’orage est toujours libérateur. Je ne vais plus systématiquement me rincer sous la pluie, mais quand un bon feu m’attend à la maison, ça m’arrive encore de me reconnecter à la petite fille que j’étais et sa joie toute simple de profiter de ce moment.

 

Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais il est rare qu’un orage me fasse peur.

 

 Pascale Danze

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