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- Floraison -


Quand j’étais petite et même plus tard ado, j’avais peur. Toujours. De tout. Des gens surtout. Peur de m’affirmer, peur de déranger, peur de me planter. J’observais ma mère qui, elle, n’a peur de rien, ni surtout de personne. Ma mère, le culot incarné. Ce que ma mère veut, Dieu le veut. Ou même Satan, ou qui vous voulez.


Mais moi non. Moi j’ai peur. Moi j’ose pas. Moi j’y vais pas. J’ai peur de me planter.

Ma mère elle s’est planté. Plusieurs fois même, sans doute. Mais ma mère elle est tellement forte. C’est pas le genre de chose qui l’arrête. Elle sourit, elle se relève en rayonnant de plus belle, et elle repart à l’attaque. Ne vous mettez pas dans le chemin de ma mère. Son expression fétiche c’est ‘’ruer dans les brancards’’. « Quoi, si ils disent non ? Si ils disent non, je rue dans les brancards ! »

 

Un jour, ado, rhéto, pour l’amour du travail bien fait – et donc fait par moi – j’ai accepté un poste stratégique dans un projet important pour notre classe. Juste après, j’ai failli m’en faire pipi dessus !  Bon, j’ai géré tout ce qui était paperasserie. Comme une pro, même. Tout nickel, vraiment, bravo. Mais à un moment, il a bien fallu téléphoner. A des adultes qui plus est, des vrais de vrais. Oooh j’en avais mal au ventre ! J’avais beau préparer l’appel et retourner la discussion dans tous les sens, je n’arrivais pas à me convaincre que j’étais prête à taper le numéro.


Alors j’ai pensé à Maman. Que ferait Maman ? …


C’est sûr qu’elle n’hésiterait pas ainsi pendant des heures. Ces appels seraient réglés depuis longtemps avec elle. Oui mais je veux dire, qu’est ce qu’elle ferait, elle, si par exemple elle était confrontée à un refus. Aurait-elle honte ? Se découragerait-elle instantanément ? Non, elle sortirait son bouclier magique : son sourire. Et elle passerait immédiatement à autre chose. Hop, étape suivante s’il vous plait. On avance, merci, bonsoir.


Ok Coco, alors est ce que c’est envisageable pour toi de faire, le temps d’un appel téléphonique, comme si tu étais Maman ?

Hé bien c’est ce que j’ai fait. Et dès que j’ai raccroché, avec le soulagement, un petit bourgeon a pointé le bout de son nez à l’intérieur de moi. Comme ça, ploup ! Un petit bourgeon de confiance en moi.


Dorénavant, chaque fois que j’ai la frousse des gens, la frousse d’un évènement, je fais semblant que je suis Maman. Et ça ne rate jamais : un autre bourgeon éclos.


Et aujourd’hui, grâce à l’exemple de ma mère, je peux vous dire avec fierté que je suis en pleine floraison.


Coco

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